IL ÉTAIT UNE FOURMI...

Une fourmi qui se prenait pour Superman, une autre qui savait voler sans ailes, et encore celle-ci qui changeait de couleur quand elle mangeait. Des histoires pour les enfants ? Pas du tout ! Découvrez les folles histoires vraies des fourmis de Guyane et leurs portraits aquarellés.

Plongez dans le monde des fourmis et allez à la rencontre de ces êtres vivants aux sociétés complexes et aux histoires incroyablement vraies.

Changez d’échelle et de regard sur ces petites bêtes discrètes mais omniprésentes grâce aux dessins de Nathan Macario, étudiant en licence de Biologie à Toulouse et passionné de faune. Dessinateur depuis qu’il sait tenir un crayon, Nathan a décidé d’allier ses deux passions, dessin et nature, pour s’adonner au dessin naturaliste dès qu’il le peut.

Durant 2 mois, il a rejoint l’équipe scientifique du projet BUG pour coucher sur papier autant de champignons et de fourmis de Guyane qu’il aura pu en dessiner durant son séjour, et ainsi rendre, pour notre plus grand bonheur, visible l’invisible !

Retrouvez les dessins de Nathan sur son site internet !

QU'EST-CE QU'UNE FOURMI ?

 

Les fourmis appartiennent au grand groupe des insectes et, plus particulièrement à l’ordre des Hyménoptères. Comme eux, elles possèdent un corps en trois parties (tête, thorax, abdomen), six pattes, deux antennes, deux yeux, deux mandibules et, parfois, deux paires d’ailes (présentes chez les sexuées seulement).

Très proches de leurs cousines les guêpes et les abeilles, leur abdomen se termine parfois par un aiguillon capable de nous injecter un venin plus ou moins douloureux. Ainsi, le souvenir cuisant de notre rencontre avec les fourmis rouges (Solenopsis saevissima) ne résulte pas de sa morsure mais bien de sa piqûre !

Mais si les guêpes et les fourmis se ressemblent tant, alors comment faire la différence entre une guêpe et une fourmi ailée, ou bien entre une abeille aptère et une fourmi sans aile ?

Un seul mot : le pétiole. Fine jonction entre le thorax et l’abdomen, le pétiole sera toujours tubulaire chez les guêpes et les abeilles, alors qu’il pourra prendre des formes extrêmement variées chez les fourmis (triangulaire, cubique, ronde, en pointe, double ou simple, etc.). Le pétiole est d’ailleurs le premier critère d’identification chez les Formicidés.

La fourmi tac-tac

Anochetus emarginatus

Malgré sa drôle de tête, la tac-tac ont tout l’attirail d’une fourmi ! Ses grandes mandibules en forme de râteau sont un piège redoutable pour les insectes qu’elle chasse. Ouvertes à 180°, elles se referment à plus de 220 km/h dès qu’un de leurs poils ultrasensibles situés au milieu de la mâchoire touche la proie. Cette prouesse fait d’elle la championne du monde animal : elle détient le record du mouvement le plus rapide !

Le saviez-vous ? Du fait de la force inouïe que la fourmi tac-tac a dans sa mâchoire, elle est capable de faire un bond pouvant égaler 6 fois sa taille en claquant très fort ses mandibules contre une surface dure.

La fourmi porte

Cephalotes varians

Malgré sa drôle de tête, ce que vous voyez là est bien une fourmi !

« Mais, quel est alors cette sorte de plateau qu’elle a sur la tête ? C’est pour porter sa nourriture ? Se faire de l’ombre quand il fait trop chaud ? »

Bien essayé, mais on est loin du compte ! Le grand disque sur la tête des soldates leur sert en fait à boucher l’entrée de la fourmilière, creusée à l’intérieur des branches mortes. Ces fourmis sont littéralement des portes vivantes ! Les ouvrières qui veulent entrer leur tapote la tête avec leurs antennes et si la fourmi porte reconnaît leur “mot de passe » (phéromones), elle les laisse entrer.

Le saviez-vous ? A cause de sa tête plate, on appelle aussi cette fourmi, la fourmi sombrero ou fourmi mexicaine !

Retrouvez sa photo portrait réalisée par Kamil Stajniak sur la page « Portraits de fourmis« .

Les fourmis manioc

Atta sp., Acromyrmex sp.

Si on les surnomme parfois « fourmis planche à voile » à cause des morceaux de feuille qu’elles transportent au dessus de leur tête, leur but n’est pas de prendre le large, mais bien de se nourrir.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les fourmis manioc ne déshabillent pas vos arbres pour manger leurs feuilles, mais pour cultiver un champignon dont elles se nourrissent, ce sont des agricultrices. Leurs colonies sont parfois si denses que ces fourmis sont souvent les herbivores dominant l’écosystème.

 De mère en fille, les fourmis manioc se transmettent un petit morceau de leur champignon favori, afin que les futures reines puissent à leur tour cultiver une champignonnière qui nourrira leur colonie.

Pour ne pas mourir intoxiquées par les rejets de CO2 issus de leur champignon, les fourmis maniocs ont mis en place un ingénieux système de cheminées pour ventiler leur fourmilière. Nul besoin de grandes études pour être architecte !

Le saviez-vous ? Une reine de fourmi manioc peut vivre jusqu’à 30 ans et mesurer plus de 2 cm ! Durant sa vie elle donnera naissance à plus de 150 millions de filles…. soit près de 1000 fois la population humaine de la Guyane. 

Retrouvez sa photo portrait réalisée par Kamil Stajniak sur la page « Portraits de fourmis« .

La fourmi fantôme ou fourmi sucre

Tapinoma melanocephalum

Son nom est assez transparent… comme son abdomen ! Et c’est bien à ce dernier qu’elle doit son surnom de fantôme. Vous pourrez ainsi voir tout ce qu’elle a mangé au goûter : donnez-lui du sirop de menthe et vous aurez une fourmi verte !

Quant à son deuxième surnom, il parle de lui-même, cette fourmi aime le sucre. Mais ne vous y trompez pas, si vous laissez votre beurre dehors, elle s’en fera aussi un régal !

Encore irrésolument mystérieuse pour les scientifiques, la fourmi sucre vit avec les humains depuis si longtemps que plus personne ne sait d’où elle vient ! On la pense asiatique, mais impossible de la trouver dans un habitat naturel, les maisons humaines semblent bien plus confortables à son goût…

Le saviez-vous ? Si vous la mangez par mégarde, vous découvrirez avec surprise que la fourmi sucre a en fait un goût… de Roquefort ! A quand les tartines de fourmis sucres ?

 

Portraits de Strumigenys

Qu’il serait dommage de passer à côté de tels portraits ! Et il s’en est fallu de peu, car ces petites fourmis, qui n’excèdent pas 2 mm, sont très difficilement repérables. Dites cryptiques, elles se cachent dans les feuilles mortes ou le sol de la forêt. Grâce à des techniques d’échantillonnage comme les pièges Winkler, il est malgré tout possible d’en récolter. Et quelle surprise de découvrir ces multiples visages, tous plus spectaculaires les uns un les autres ! Une pilosité développée, des mâchoires souvent surdimensionnées et une tête généralement plate en forme de cœur, voilà de quoi tomber sous le charme.

Vous pouvez ici profiter d’une galerie de portraits de quelques une des 40 espèces de Strumigenys vivant sur le territoire guyanais, parmi les 853 espèces présentes dans le monde.

Les Strumigenys

La majorité des espèces du genre Strumigenys sont de petite taille et vivent cachées dans les feuilles mortes, le bois pourris ou sous le sol. Elles y chassent les collemboles ou d’autres petits arthropodes de la litière grâce à leurs mâchoires parfois longues, en forme de piège à loup.

Mais si ces puissantes mâchoires peuvent venir à bout de leurs proies, elles peuvent aussi être utilisées avec délicatesse lorsqu’il s’agit de porter les œufs fragiles ou prendre soin du précieux couvain.

De haut en bas, on reconnaît sur le portrait ci-contre Strumigenys depressiceps, Strumigenys hadrodens, et Strumigenys inusitata., espèces aux drôles de têtes assez plates et allongées, présentes sur le sol Guyanais.

Piège Barber ou Pitfall Trap

Faire du terrain en télétravail, mission impossible ? Avec les pièges Barber, c’est un jeu d’enfant ! Très pratiques pour échantillonner sans être sur le terrain, cette méthode de piégeage facile à mettre en place permet de collecter la petite faune vivant sur ou sous le sol, pas toujours facile à observer.

Ingénieusement créé par un chercheur du même nom, ce piège se compose d’un pot aux parois lisses rempli d’eau, de détergeant -pour empêcher les petites bêtes de s’échapper- et de sel -pour les conserver.

Ce récipient est ensuite enfoncé dans la terre, la surface du pot affleurant celle du sol, et recouvert d’un petit abri pour éviter les inondations en cas de fortes pluies.

Laissé trois jours sur place, toutes les petites bêtes se baladant sur le sol et ne prenant pas garde où elles posent leurs pattes ont alors de grandes chance d’aller prendre un bain….

Le piège est ensuite récupéré pour identifier les insectes piégés au laboratoire.

Le piège Winkler

Difficile de voir qui se cache dans les feuilles mortes et les brindilles qui jonchent le sol… Et pourtant, la litière de nos forêts grouille de vie ! Des fourmis certes, mais aussi des collemboles, des araignées, de petits scarabées et même de petites grenouilles..

Comment nous le savons ? Grâce au piège Winkler ! Cet ingénieux dispositif permet de récolter tous les êtres vivants, même les plus minuscules, se cachant dans 1m² de litière. Une fois récupérée à la main, cette litière est ensuite longuement tamisée (la science, ça fait les bras !) avant d’être suspendue au dessus d’un entonnoir en tissu hermétique, muni d’un récipient collecteur contenant de l’alcool. Attirés par la lumière et/ou fuyant l’assèchement de la litière, les petites bêtes migrent vers l’entonnoir avant de tomber dans le tube de collecte.

Le saviez-vous ?  Vivant dans la litière ou sur le sol., beaucoup de ces espèces cryptiques ne possèdent pas d’œil, et se repèrent aux odeurs et aux vibrations.

 

Les fourmis du piège Winkler

Prenez 1 m² de litière dans une forêt guyanaise, un piège Winkler, de l’huile de coude et un peu de patience, et vous obtiendrez un joli tableau de fourmis !

Bien entendu, chaque « tableau de chasse » est unique en son genre : selon l’habitat (forêt, savane, littoral) ou le microhabitat (bas fond, haut de vallon, pente, …) où il a été réalisé, ce tableau présentera différentes fourmis adaptées aux milieux où elles ont été prélevées. Mais attention ! Les fourmis ne sont pas les seules à se faire prendre au piège, on peut y retrouver de petits coléoptères, des araignées ou encore des mille pattes.

Les jolis portraits que vous voyez ici montrent les espèces qui ont été le plus fréquemment retrouvées dans les pièges Winkler qui ont été réalisés dans différentes forêts de Guyane.

Dans l’ordre (de haut en bas et de gauche à droite), on y voit : Hypoponera opacior, Ectatomma brunneum, Camponotus atriceps, Crematogaster sotobosque, Odontomachus chelifer, Anochetus horridus, Octostruma balzani, Pheidole biconstricta, Pheidole terribilis, Pheidole pedana, Strumigenys denticulata, Sericomyrmex bondari, Solenopsis sp.15 et Strumigenys Beebei. 

Les fourmis légionnaires

Eciton sp.

Ces armées de plusieurs centaines de milliers d’individus sillonnent en permanence la forêt guyanaise. Peu d’insectes échappent à leurs raids spectaculaires et aux mandibules acérées des soldates.

Nomades, elles posent le camp une fois tous les vingts jours, le temps que la reine ponde ses œufs et qu’ils arrivent à maturité. Durant cette période, la reine est protégée d’une gigantesque fourmilière formée par le corps même des fourmis.

Grâce à cette organisation sans faille, même un cours d’eau n’est plus un problème pour ces fourmis : elles construisent de leur corps des ponts vivants pour faire traverser le reste de la fourmilière. Bel esprit d’équipe !

Le saviez-vous ? Les soldates mordent tellement fort avec leurs mandibules semblables à des hameçons, qu’elles sont parfois utilisées comme points de suture de fortune dans la forêt.

Retrouvez sa photo portrait réalisée par Kamil Stajniak sur la page « Portraits de fourmis ».

 

La fourmi à grosse tête

Pheidole biconstricta

Si ces fourmis ont la grosse tête, c’est pour mieux guerroyer. Pleines de muscles qui lui servent à actionner de puissantes mâchoires, les fourmis à grosses têtes sont taillées pour le combat. Leurs colonies compte d’ailleurs 10% de soldates prêtes à croiser les mandibules pour en découdre. Mais il reste quand même un peu de place dans cette grosse tête pour un cerveau assez développé qui lui permet de mémoriser son chemin lors des explorations.

Également championnes du travail d’équipe, des expériences en laboratoires ont montré que l’organisation sans faille des fourmis à grosse tête et leur sens du collectif leur permettent de venir à bout de l’appât le plus nutritif plus rapidement que leurs compétitrices.

Le saviez-vous ? Les fourmis à grosse tête sont de redoutables stratèges ! Lorsque plusieurs colonies s’affrontent, elles se tiennent bien à l’abri pendant plusieurs jours, le temps que leurs ennemis s’entretuent. Une fois le sale boulot terminé, les fourmis à grosse tête viennent achever les survivantes affaiblies et prennent alors le contrôle du territoire.

La fourmi à gros yeux

Gigantiops destructor

Si les scientifiques l’appellent Gigantiops, (littéralement, « yeux gigantesques ») ce n’est pas pour rien : cette fourmi détient le record des yeux les plus gros parmi 10 000 espèces connues dans le monde !

Grâce aux 4000 petits yeux à facettes (dits « ommatidies ») qui composent chacun de ses yeux, la fourmi à gros yeux possède une vue quasi panoramique. Doublée d’une mémoire surprenante, elle n’a nul besoin de signaux chimiques (phéromones) pour se repérer dans la forêts : ce labyrinthe géant devient pour elle un jeu d’enfant !

Le saviez-vous ? La fourmi à gros yeux est également très agile : grâce à ses pattes arrières musclées elle peut bondir en avant, chose très rare chez les fourmis. Et pour la marche arrière ? Aucun souci ! Il lui suffit de claquer ses puissantes mâchoires sur une surface dure pour faire un bond à reculons.

Retrouvez sa photo portrait réalisée par Kamil Stajniak sur la page « Portraits de fourmis« .

La fourmi de feu rouge

Solenopsis saevissima

Adepte des pelouses ensoleillées, la fourmi de feu rouge n’hésite pas à nous piquer les pieds si on s’approche trop près de son nid ! Ce comportement très agressif doublé d’une capacité sans pareil à repérer la nourriture et à l’assiéger lui confère tout l’attirail pour devenir envahissante si on la transportait hors de son habitat naturel. C’est d’ailleurs sans surprise qu’une de ses très proches cousines (Solenopsis invicta)  est tristement célèbre aux États-Unis où elle est la cause chaque année de plus de 80 décès et de millions d’euros dépensés pour limiter son expansion.

Mais elle fait malgré tout preuve d’un incroyable esprit d’équipe lorsqu’il s’agit de sauver sa colonie : lors de grandes crues, elles s’agrippent les unes aux autres pour former un véritable radeau de fourmis ! Bien à l’abri sur cette embarcation de fortune, la reine et le couvain attendent patiemment le prochain tronc d’arbre qui viendra à leur rencontre pour débarquer. 

Le saviez-vous ? Si sa piqûre vous brûle, c’est qu’elle contient la même molécule que le poivre : la pipéridine.

La fourmi électrique ou petite fourmi de feu

Wasmannia auropunctata

Plus petite que la mine d’un crayon, la fourmi électrique cause des dégâts démesurés pour sa petite taille. Originaire d’Amérique du Sud mais introduite sur tous les autres continents, cette petite fourmi à l’apparence inoffensive a pourtant mauvaise presse : mortalité des vertébrés et invertébrés locaux,  prolifération des parasites végétaux qu’elles protègent, sans compter sa piqûre extrêmement douloureuse qui empêchent les agriculteurs de travailler sereinement. Elle n’a pas volé son surnom de fourmi électrique !

Le saviez-vous ? La fourmi électrique aveugle les éléphants ! Introduite au Gabon pour limiter la propagation des punaises du Cacaoyer, elle y est aujourd’hui envahissante et n’hésite pas à attaquer les yeux des éléphants qui s’approchent trop près de leurs nids.

Daceton piège à mâchoires

Daceton armigerum

Avec sa tête en forme de cœur et ses mâchoires surdimensionnées, comment ne pas tomber sous le charme cette fourmi ?

Vivant dans les arbres, la Daceton chasse à l’affût : avec ses mâchoires ouvertes à 180° tendues comme un piège-à-loup, elle n’hésite pas à s’attaquer à des insectes très rapides comme les criquets ou les mouches. En effet, ces « crocs » terribles se referment à la vitesse vertigineuse de 0.01 seconde, ne laissant que peu de chance à ses proies de s’échapper…

Le saviez-vous ? Les Daceton peuvent contrôler leur chutes : pour chasser ou s’échapper, elles peuvent s’orienter dans les airs pour se rattraper au tronc voisin lorsqu’elles s’élancent de leur arbre.

Retrouvez sa photo portrait réalisée par Kamil Stajniak sur la page « Portraits de fourmis« .

La fourmi Kélep

Ectatomma tuberculatum

Parce que les fourmis aussi aiment bien boire un coup, il n’est pas rare de retrouver ces grandes fourmis rousses, immobiles sur une branche de pois sucrés ou de maracudja. Mais qu’attendent-elles au juste ? La tournée du patron ! Pour attirer pollinisateurs et gardes du corps, certaines plantes fournissent le gîte et le couvert. Les fourmis Kélep attendent donc la douce goutte de nectar sucré que produira la plante au niveau de ses nectaires extrafloraux.

Mais elles ne passent pas leur vie au « bar », ces fourmis savent aussi être de farouches guerrières et n’hésitent pas à user de leurs mandibules pour chasser de petits insectes, voire des guêpes et des fourmis qu’elles apprécient tout particulièrement !

Le saviez-vous ? L’entrée des nids de fourmis Kélep se repère facilement : elles construisent une longue cheminée faite de terre et de débris végétaux, plaquée le long d’un tronc.

Retrouvez sa photo portrait réalisée par Kamil Stajniak sur la page « Portraits de fourmis« .

Le choc des Titans et des Liliputiens

Paraponera clavata vs. Carebara reina

On connait bien souvent la belle et douloureuse fourmi balle de fusil (Paraponera clavata), plus grande fourmi du monde pouvant atteindre jusqu’à trois centimètres. Mais qu’en est-il des autres que nous ne voyons pas?

Si la Guyane est connue pour son incroyable biodiversité (plus de 650 espèces de fourmis natives !), elle peut se targuer d’avoir une biodiversité riche en formes, en couleurs…. et en tailles.

Ainsi, à l’extrême opposé, on retrouve Carebara reina, minuscule fourmi longue d’un millimètre seulement ! Quasiment impossible à voir, cette espèce est très certainement beaucoup plus commune qu’on ne le croit.


La fourmi folle noire

Paratrechina longicornis

On la dit folle à cause de sa démarche chaloupée due à ses grandes pattes, mais elle est en réalité loin de l’être !

Originaire d’Inde, elle a su si bien s’adapter à la Guyane et au reste du monde qu’on la considère aujourd’hui comme envahissante. Peut-être considérée comme l’espèce la plus envahissante du fait de sa présence dans la quasi totalité du monde, la fourmi folle noire s’étend des tropiques jusqu’en Russie et en Norvège où elle a su trouver refuge dans les maisons et les serres chauffées.

La fourmi acrobate

Crematogaster sotobosque

Plus contorsionniste qu’acrobate, les fourmis du genre Crematogaster sont surnommées de la sorte pour leur faculté de lever leur abdomen grâce à leur pétiole* double, surélevé sur leur thorax.

Cette structure unique chez les fourmis leur permettent d’asperger ennemis et proies de leur venin qu’elles expulsent depuis leur aiguillon. Grâce à cette drôle de posture, une fourmi acrobate peut répandre son venin dans un rayon de 360° !

Le saviez-vous ? Malgré  les apparences, la fourmi acrobate est incapable de piquer à cause de la forme aplatie de son aiguillon. Elle s’en sert uniquement pour asperger ses ennemies et ses proies de son venin.

*Pétiole : partie du corps entre le thorax et l’abdomen (le ventre) de la fourmi, pouvant prendre des aspects variés et permettre ainsi leur identification.

La fourmi noire

Dorymyrmex brunneus

Bien connue de tous, il n’est pas rare de croiser la fourmi noire au coin d’une rue ou sur le mur de notre maison. Mais on la retrouve aussi sur les plages, dans les savanes, les plantations et les pâtures, où elle apprécie particulièrement les milieux ouverts et ensoleillés.

Il n’est d’ailleurs pas surprenant qu’on lui ait trouvé un air de ressemblance avec les fourmis du désert, dont la démarche et la morphologie sont adaptées aux sols chauds.

Le saviez-vous ? Des chercheurs ont découvert au Brésil que la fourmi noire un très bon bio-indicateur des milieux pollués par les métaux lourds, car elle les stocke dans son corps.

La fourmi vagabonde marron

Brachymyrmex obscurior

Petite fourmi sans histoire, la fourmi vagabonde marron a été introduite aux États-Unis, aux Pays Bas et en Nouvelle Zélande par les transports humains, d’où son surnom »vagabonde ».

On la retrouve fréquemment dans les villes de Guyane où elle est par contre native.

Le saviez-vous ? Un chercheur a un jour vu une reine de fourmi vagabonde marron entrer dans l’avion en Floride, puis en ressortir lorsque qu’il atterrit aux Bahamas. Qui a dit que les fourmis ne partaient pas en vacances ?