LES VILLES, UNE BIODIVERSITE INSOUPCONNEE !

Comment exclure de la biodiversité (littéralement, « diversité du vivant ») l’être humain qui fait depuis toujours partie de cette grande toile vivante d’interactions que l’on appelle communément la « nature » ?

Depuis la nuit des temps, nos sociétés ont été bâties autour de cette nature et des services qu’elle nous rend. Ainsi sont nées les villes, et avec elles la biodiversité urbaine : un assemblage d’êtres vivants ayant réussi à s’acclimater aux nombreuses modifications dues aux activités humaines et interagissant avec nous chaque jour.

Partez donc à la rencontre de cette biodiversité que vous côtoyez sans le savoir, mais qui regorge de richesse et d’histoires !

10%

C’est la superficie mondiale des zones urbaines dans le monde.

A eux seuls, ces 10% abritent les 7,8 milliards d’êtres humains de la planète. Qu’en est-il de la biodiversité qu’ils abritent également ?

– POURQUOI LES VILLES ? –

Si les enquêtes sur la biodiversité portent traditionnellement en Guyane sur la forêt, connaître la diversité et la distribution des êtres vivants présents à proximité des activités humaines est intéressant à plusieurs titres :

  • Les milieux dans lesquels les humains sont présents sont généralement les lieux d’introduction d’espèces « exotiques » (non natives). Ces dernières peuvent alors s’installer et se développer au détriment des espèces natives et devenir envahissantes. Or, les invasions biologiques sont reconnues comme l’une des principales causes du déclin de la biodiversité. Il est par conséquent crucial de pouvoir les détecter à un stade le plus précoce possible pour pouvoir limiter leur expansion.
  • L’appropriation de l’importance de la biodiversité par le public passe par sa sensibilisation et son éducation dès le plus jeune âge et au plus proche de son lieu de vie : sa commune.

Autant de raisons qui ont poussé les chercheurs du laboratoire EcoFoG à prioriser, avec le programme BUG, l’inventaire des fourmis et champignons, cette fois-ci, dans les milieux urbains.

– POURQUOI LES FOURMIS ? –

Les fourmis sont des insectes très communs, qui ont des capacités uniques. Il en existe plus de 15 000 espèces connues dans le monde, trois fois plus que toutes les espèces de mammifères réunies ! En Guyane, il y aurait environ 1 000 espèces.

Les fourmis vivent en sociétés hiérarchisées et organisées, ont un sens de l’orientation remarquable, sont des prédateurs redoutablement efficaces, bâtissent des nids dans le sol, sur terre ou dans les airs… Et elles assument de nombreuses fonctions dans la nature : régulateur des populations d’insectes ravageurs, nettoyeur de la litière du sol, etc.

Autant de raisons de poursuivre l’étude de la diversité de ces insectes fascinants dont les capacités extraordinaires n’ont pas fini d’inspirer des innovations dans de nombreux domaines de notre vie courante (GPS, routage, télécommunications).

30

C’est l’âge en années que peut atteindre une reine de fourmi manioc !

Pas étonnant quand on sait qu’elle est la mère de plus de 5 millions d’ouvrières, et la reine d’une fourmilière de plusieurs centaines de mètres carrés !

600

C’est le nombre de stades de foot que couvrirait le plus grand champignon du monde !

Ce vieux « monsieur » américain aurait d’ailleurs au moins 700 ans.

– POURQUOI LES CHAMPIGNONS ? –

Ni animal, ni végétal, les champignons sont des êtres vivants qui font partie d’un règne à part. Il y aurait entre 2,2 et 3,8 millions d’espèces de champignons, souvent microscopiques. On estime qu’il y a 50 000 espèces de champignons en Guyane ; seules 1000 sont connues !

Les champignons ont des fonctions importantes au sein des différents écosystèmes, parmi lesquelles la décomposition de la matière organique mais aussi la nutrition des plantes. Ils sont utilisés depuis l’antiquité par l’être humain : comme aliments à part entière ou pour la fabrication d’aliments (pain, fromage, bière, …) et de médicaments (pénicilline et autres antibiotiques) notamment.

Mieux appréhender la diversité globale des champignons permet donc potentiellement de mieux comprendre le fonctionnement des écosystèmes et ouvre la voie à la découverte de nouvelles applications biotechnologiques.